En 2022, Netflix se lançait dans ce qui aurait du être une grande aventure. La firme, connue pour sa plateforme de streaming, monopolisait depuis quelques années déjà la scène de la production de séries et de films. C’est alors qu’il décide de conquérir un tout nouveau public : les gamers. En ajoutant d’abord des titres modestes aux mécanismes de jeux d’arcade, l’entreprise a testé la réactivité et l’enthousiasme de ses abonnés aux jeux mobiles.
Il faut bien comprendre que la stratégie de Netflix passe à long terme par les capacités du Cloud Gaming a faire tourner des jeux AAA sur la smart TV de monsieur tout le monde. Netflix ajouterait ainsi une corde à son arc tout en coupant l’herbe sous le pied de ses concurrents historique avec un marché du jeu vidéo à la taille et à la croissance exceptionnelle, en faisant même la jonction entre les productions de 3D et du cinéma.
Petit à petit, les ambitions ont évolué naturellement. Netflix a fait l’acquisition de plusieurs studios afin de développer ses propres jeux, plus avancés en termes de design mais aussi de gameplay. La montée en puissance de la firme s’est fait ressentir durant les deux années suivantes, avec l’ajout d’une centaine de productions toujours plus qualitatives au catalogue de Netflix, sans surcoût pour les abonnés. 12 Minutes, Moonlighter, Spiritfarer, Exploding Kittens, Hextech Mayhem,… Autant d’accords que l’entreprise a su passer pour obtenir certaines exclusivités sur mobiles.
Puis, en fin d’année 2023, Netflix atteint un pic de téléchargements en rendant disponible la trilogie remasterisée GTA. En quelques semaines, ce sont plus de 18 millions de personnes qui ont utilisé le service de la plateforme pour profiter des plus grands jeux de Rockstar Games. Mais depuis cet évènement, il semble que la firme ne se fasse plus d’illusions.
Netflix a atteint ses limites ?
Netflix a par la suite annoncé plusieurs ajouts majeurs au catalogue, mais n’a pas su cacher le succès mitigé que reçoivent les jeux mobiles encore aujourd’hui. Difficile pour la société d’évaluer l’impact réel des jeux sur le nombre d’abonnements à la plateforme, alors que les dollars dépensés pour s’assurer des exclusivités et des jeux inédits sont eux bien réels.
Depuis la fin d’année dernière, quelques changements sont survenus, remettant en cause toute la stratégie de Netflix quant à ses jeux. Les productions interactives, à la limite entre cinématographie et jeu vidéo, ont soudainement disparu du catalogue, et l’un des principaux studios de développement a fermé ses portes avant même d’avoir sorti un jeu. Cet évènement n’est pas simplement anecdotique, il s’agissait du studio en charge du premier jeu AAA de Netflix, chapeauté par Chacko Sonny (Overwatch), Rafael Grassetti (God of War) et Joseph Staten (Halo).
Aucune communication officielle ne fait état d’un Netflix aux aboies par rapport au secteur vidéoludique. Le nombre de téléchargements est même excellent de manière globale. On ne peut néanmoins nier que l’industrie ne pardonne que très peu le manque de rentabilité et que les récentes décisions du groupe témoignent d’un rétropédalage conséquent, au moins concernant ses ambitions.
Les jeux vidéo sont un autre monde
L’approche et le fonctionnement des studios de jeux vidéo sont très différents des productions audiovisuelles. Ils fonctionnent avec des équipes de talents montées minutieusement avec une vision à long terme, contrairement au cinéma qui planifie des équipes avec des intermittents du spectacles interchangeables sur quelques mois de tournage.
Si il est important d’être là au bon moment, il peut être contre-productif de trop anticiper sur l’avenir, d’autant plus sur un marché qui fonctionne complètement différemment du votre, où les features et les budgets explosent tout le temps, et les délais ne sont jamais respectés. On comprend aisément que les instances dirigeantes du groupe soient déstabilisées, si sur le papier tout semblait limpide, en pratique c’est beaucoup plus compliqué et risqué.
Aujourd’hui, seul une poignée de jeux sont accessibles sur Smart TV et ordinateurs, et il ne s’agit pour la plupart que de titres portés et non optimisés. Reste à voir si cette tendance à la baisse est faite pour durer ou si Netflix compte réellement s’imposer dans le paysage vidéoludique avec des propositions plus fortes que celles faites auparavant.
Quand on a beaucoup d’argent on croit souvent pouvoir tout acheter, Netflix semble tirer les leçons de ses erreurs.
